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mercredi 9 décembre 2009

Au Clair de la Nuit - Motus Editions

"Placida notte, e verecondo raggio della cadente luna"... ainsi commence l'un des très rares poèmes dont je me souviens dès temps scolaires.

Les raisons de l'attraction des hommes pour l'astre lunaire ne sera pas l'objet de mes observations, et pourtant il reste un fait concret: l'homme a fait de la lune, depuis toujours, un objet d'inspiration, d'adoration et de superstitions même.

En 2009, à 40 ans de distance de l'atterrissage de l'homme sur la lune en 1969, au moins une dizaine de livres ont été publiés.

Parmi les beaux livres ayant ce sujet je vous signale un texte que je viens de trouver au Salon de Montreuil, chez l'Éditeur Motus:

Au Clair de la Nuit, textes de Janine Teisson, illustrations de Joanna Concejo, collection "Pommes, Pirates, Papillons", Éditions Motus, 2009.

Au Clair de la Nuit est un petit chef d'œuvre de soin et de qualité, il est un véritable plaisir de l'avoir entre les mains et pour la consistance rugueuse et l'épaisseur de son papier, et pour la sobre composition, et pour la belle combinaison de texte et illustrations qui nous mènent à la découverte de nouvelles images poétiques.

Il s'agit en effet d'un recueil de poèmes brefs tous dédiés à la lune, des petites phrases chargées de symboles désuets, ironiques, amusantes et parfois mélancoliques mais toujours originelles qui nous posent des petites questions telles que:

"Pourquoi la lune n'a pas d'oreilles?", ou...

"Pourquoi les lapins dansent-ils sous la lune?", ou...

"Tu veux confier ton secret à qui ne le répétera jamais?", ou...

"On dit que la lune est pleine. Mais pleine de quoi?"




Les images en noir et blanc de Joanna Concejo aiguisent à traits la sensation de mélancolie, elles fortifient le message poétique des textes en laissant transparaître tout ce qui n'a pas été dit, en nous faisant percevoir la distance qui nous sépare de la lune mais aussi le voisinage qu'à fois nous surprends quand on regarde en haut.

Un texte que je conseilles à tous, même aux grands.

Pour plus de renseignements sur les publications de Motus: http://www.editions-motus.com/

Copyright images et textes Ed. Motus © 2009

lundi 7 décembre 2009

L'Heure Bleue - Naïve Editions


Aujourd'hui je vous porte l'exemple d'une collaboration éditoriale que je définirai très heureuse et profitable. Ce partenariat me fait réfléchir sur combien sont importantes, dans le monde de l'édition aussi, le contacte humain, la vision intelligente de son métier et l'affinité, au-delà de l'aspect purement professionnel et de business.


L'Heure Bleue, textes de Massimo Scotti, illustrations de Antonio Marinoni, traduction en français par Sophie Royère, Editions Naïve (31 octobre 2009) 



A l'occasion du Salon de Montreuil, j'ai eu une très agréable surprise: dans le stand de l'Éditeur Naïve j'ai trouvé la copie, en langue française, de l'album L'Ora Blu, publié en Italie par la Maison d'Édition Topipittori il y a quelques semaines d'avance seulement.

Ce n'est pas la première fois que la Naïve Éditions publie, à bref, un album des Topipittori: par exemple en 2007 ils publièrent Velluto. Storia di un ladro voici la couverture de l'édition française:












Velours : Le nez d'un voleur, textes de Silvana D'Angelo, illustrations de Antonio Marinoni, traduction en français par Sophie Royère, Editions Naïve (1er septembre 2007).


En parlant avec Mme Patrice, responsable de Naïve Jeunesse, j'ai pu constater combien il est fondamental (surtout parmi les petits éditeurs) l'attention à son produit mais aussi, et surtout, l'ouverture mentale et le suivre de près ces maisons d'édition étrangères qui produisent des livres affins à ses exigences, en plein esprit de collaboration. Je dois avouer que cette conversation a été, pour moi, source d'extrême satisfaction personnelle : en effet j'ai eu la confirmation de certaines convictions bien enracinées en moi, comme l'importance de partager, et aussi l'idée que dans le monde éditoriale il ne faut pas avoir des limites pour ce qui concerne la collaboration entre acteurs appartenants à un même gendre. Je fais un ultérieur pas en avant en avouant que je trouve profondément salutaire l'ouverture à la contamination, en toute forme, en tant qu'inévitable apporteur d'enrichissement. Il suffit de penser à Bruno Munari pour comprendre ce que j'entends.

Le secteur de l'édition à l'enfance, à partir des années 60-70 en particulier, a été profondément à l'avant garde, ouvert à l'expérimentation, grâce à ce sens commun qui poussait et pousse encore auteurs, illustrateurs et éditeurs vers une direction aux mille facettes mais univoque dans son propos principal: la création de petits chefs d'œuvre à laisser dans les mains des enfants. Loin de moi de créer l'illusion d'un monde enchanté, on ne peut pas parler pour tous d'excellence: très souvent on vois des livres vraiment pauvres, de qualité redoutable soit à niveau graphique-illustratif qu'à niveau textuel, et d'ailleurs les affaires règnent souverains dans ce secteur aussi. Et pourtant, grâce au ciel, il y a encore des personnes courageuses qui publient même en sachant qu'ils sont en train de conduire une bataille difficile, tortueuse, souvent  non productive mais ils restent quand-même fermes dans leurs propos en dépit de tout.

C'est aussi pour cette raison que j'ai décidé d'ouvrir, à partir d'aujourd'hui, une nouvelle section du blog dédiée à ces maisons d'édition que, à mon très discutable avis, travaillent de manière excellente: je vous tiendrai au courant le plus possible sur les nouvelles parutions et sur les initiatives des maisons d'éditions que j'ai sélectionnées et dont je ne vous dévoilerai les noms qu'un peu à la fois.... Un peu de suspens ne fais jamais de mal!

Je suis satisfaite d'avoir commencé cette section en vous parlant d'un coup de deux maisons: Naïve Éditions, dont vous aurez bientôt d'autres nouvelles, et les Topipittori que j'estime profondément non seulement pour les deux beaux esprits qui la dirigent, c'est à dire Giovanna Zoboli et Paolo Canton, mais aussi pour le soin et l'attention presque compulsive qu'ils ont pour les livres qu'ils produisent.

mardi 1 décembre 2009

Wa Zo Kong di Beno Wa Zak (ovvero Benoît Jacques)

A l'occasion du dernier Salon du Livre de Montreuil (25-30 Novembre) plusieurs livres particulièrement intéressants ont été édités. Le Salon est toujours motif de découvertes et de fulgurations artistiques, il y a à peine un an je fus fascinée par le génie d'un éclectique auteur français: Benoît Jacques.

Quand je vus La Nuit du Visiteur, je fus littéralement sans mots: un livre simplement génial et non seulement pour la nouvelle interprétation absolument originelle de l'histoire du Petit Chaperon Rouge, ou pour l'utilisation essentielle et efficace des couleurs qui contribuent à augmenter le pathos de l'histoire, mais pour l'ensemble de ce chef d'œuvre que je pense être l'un des meilleures livres pour enfants qui ont été publiés dans les dernières années.

Ce n'est pas un cas si, en occasion de l'édition 2008 du Salon, ce livre reçut le prestigieux Prix Baobab, et ce n'est pas un cas si l'Editeur Orecchio Acerbo prit immédiatement la chance de publier ce livre en italien en mai dernier, sous le titre Aprite quella Porta! Je prends cette occasion pour remercier personnellement les gens d'Orecchio Acerbo pour avoir donné aux lecteurs italiens la possibilité de ne pas perdre ce livre merveilleux.

Je vous mets ici le link au vidéo sur la distribution du prix Baobab a M. Jacques: un moment très émouvant, où l'auteur et éditeur nous raconte de son rêve et du dur travail, de ses efforts et de son engagement.

Aujourd'hui je suis heureuse de vous annoncer la sortie, pour le Salon 2009, d'un nouveau livre de M. Jacques titré Wa Zo Kong: la tragique et singulière histoire d'un "Wa Zo ki vo lpah... y Kou"... Je ne vous dirai pas plus que ceci: il s'agit de l'histoire d'un Wa Zo (oiseau) et de son incapacité de voler. Les illustrations sont en noir et blanc, essentielles et pourtant chaleureuses et engageantes. Un texte absolument amusant, plein de cette ironie caustique et désacralisante en plein style de M. Jacques qui nous fait sourire et réfléchir en même temps sur les parcours humains. Dans la simplicité de ce texte et de ses illustrations, le monde animale semble être une excuse plus que le véritable sujet du livre: dans ce qui n'est pas dit semblent se cacher des significations bien plus subtiles sur les comportements humains, sur la société moderne et ses mécanismes, sur les ainsi dites lois qui dominent nos actions. Il parait enfin que M. Jacques veuille nous suggérer un point de départ pour réfléchir, pour ouvrir nos esprits au libre penser.

Wa Zo Kong de Benoît Jacques, Benoît Jacques Books, Novembre 2009.

Avec l'espoir que le rêve d'enfant que M. Jacques est en train de vivre à travers son aventure éditoriale puisse continuer encore longtemps, pour notre bien aussi, pour ne jamais arrêter de croire que chacun peut dire ce qu'il pense et le représenter au de là des lobbys des grandes maisons d'édition, et aussi des lobbys culturelles et politiques de toute sorte. Merci M. Jacques!




















Copyright Images Benoît Jacques. Imagines reproduites avec la permission de l'Editeur Benoît Jacques.

vendredi 13 novembre 2009

Anne Frank Images et Mots


Aujourd'hui j'ouvre une nouvelle section de ce blog que j'ai couvé pour pas mal de temps avant de me décider à l'exposer au monde extérieur, comme s'il était un fils frêle à protéger en quelque manière: j'ai pensé de l'appeler "Guerre et alentours" car je vais  justement traiter de ces livres ayant par sujet la guerre, l'absurdité qui pousse les hommes à commettre des crimes injustifiés et injustifiables et de tout ce qui tourne autour de ces thèmes.

Je commence cette section en vous parlant d'un personnage que j'ai beaucoup aimé quand j'étais une fillette. Même si à l'époque je ne lisais pas beaucoup, je me souviens que je lus son journal intime plusieurs fois. Avec Anne et Kitty je vivais les émotions d'un enfant qui avait grandi trop vite à cause du monde extérieur. Moi aussi, pour bien d'autres raisons, j'avais grandi trop vite et je me reconnaissais dans cette ardeur vitale, dans cet élan dont le journal d'Anne Frank respire. Dans ces pages je retrouvais toutes les difficultés et les peurs communes aux ados, rendues même plus crues par la réclusion et la crainte d'être découverts: je me tordais les mains grâce à cette empathie viscérale qui me permettait d'éprouver les mêmes peurs, les mêmes haines envers les adultes qui n'arrivaient jamais à comprendre la fragilité des sentiments, les mêmes frémissements.

Je suis allée à Amsterdam plusieurs fois mais, je l'admets, je n'ai jamais eu le courage de visiter la maison où Anne vécut ses mois de réclusion volontaire: ce lieu lointain et poussiéreux avait habité en moi pour trop longtemps et je craignais que le visiter ait pu en quelque manière faire évanouir toutes les émotions que j'avais éprouvées, que la réalité envahissait sans hésitations cet imaginaire bercé et souffert pour si longtemps.

Sur Anne Frank on a déjà trop dit et écrit ou, peut-être, il ne suffit jamais. En Septembre un nouveau livre a été publié, un très beau livre titré: "Anne Frank, her life in words and pictures", par Menno Metselaar et Ruud Van der Rol, traduit en anglais par Arnold J. Pomerans pour les Editions Flash Point, et produit en collaboration avec la Fondation Maison d'Anne Frank. Dans le livre les auteurs revivent la vie de la famille Frank jusqu'à leur arrêt, à travers images et mots, comme on le dit déjà dans le sous-titre. Ce livre est adressé aux enfants de 9 à 12 ans.

Anne Frank est, même aujourd'hui, un personnage symboliquement très puissant car elle incarne la force de la vie, la candeur et les contrastes de l'adolescence, car en étant victime de la brutalité à laquelle tous ces enfants qui - encore à présent - n'ont pas le luxe de vivre leur condition même d'enfants sont soumis, car ces moments historiques terribles qui n'ont pas encore eu une fin nous passent sous les yeux dans l'indifférence générale.

Je pense que faire connaître Anne, même à travers des nouveaux livres, est un message important, un cadeau pour ces enfants qu'au contraire ont plein de luxes, et pour ces parents ayant la tendance à l'oublier. Je dis cela sans démagogie, sans arrière-pensées, car je sens que revenir en contacte avec les nombreuses réalités du monde ne peux que nous faire du bien.

Dans le journal c'est Anne qui nous parle, sans médiations, sans aucune limitation: l'enfant presque adolescente qui se raconte à une amie imaginaire, Kitty, et à tous ces du même âge qui auront envie de lire ses pages pour retrouver cette communauté de condition et de sentiments. "Anne Frank, her life in words and pictures" ne pourra jamais substituer cette expérience unique, naturellement, mais au moins ce livre permettra aux lecteurs les plus paresseux de ne pas perdre une expérience importante et riche d'incitations.

jeudi 12 novembre 2009

Festival de Théâte: Segni d'Infanzia



Ces derniers jours, à Mantoue, il y a un intéressant Festival de Théâtre pour enfants: Segni d'infanzia, qui va terminer le prochain dimanche 15 novembre.


Il y aura des artistes provenant de toute Europe, de Norvège, de France, d'Allemagne, tous prêts à entretenir les plus petits et ceux qui les accompagnent avec des histoires exceptionnelles.


Parmi les compagnies étrangères je vous signale les suivantes:

Bramborry Theater De Spiegel e Théâtre de la Guimbarde
Extra Art Stefan Zimmermann Productions
Direzione Norvegia! in collaborazione con NSEC (Norwegian Seafood Export Council)
Red Shoes Teater Fot
Imaginarium Benoît Sicat
Architetture Plastiche Martin McNulty
Gusta il tempo! Laurent Cabrol et Elsa De Witte
La cicogna e il cucù Cie Arts & Couleurs
Favole della buonanotte Theater De Spiegel e Théâtre de la Guimbarde
Bestiario Alpino Théâtre de la Toupine
Lupo e Luigi Théâtre du Risorius
Bynocchio de Mergerac Bouffou Théâtre
Baby Ready Made Karstein Solli Productions
Le Grand Théâtre Mécanique Ateliers Denino

Et parmi les Italiens:

A nord della primavera Teatro all'improvviso, Teater I e Smålands Musik Och Teater
Giunone Blues Teatro all'improvviso
Caccia all'ombra Federica Ferrari
Knup Luigi Rignanese

Pour ceux qui sont intéressés à voir le programme détaillé, cliquez ici.



Image copyright © 2009 Segni D'Infanzia.

mardi 13 octobre 2009

Mika et la Création Artistique - Première Partie


Aujourd'hui je voudrais ouvrir une parenthèse atristique-musicale pour parler de l'imaginaire d'un artiste cher à beaucoup de fils et filles, et non seulement.
La raison pour laquelle j'ai choisi cet artiste est mon admiration totale pour son incroyable habilité communicative et pour l'originalité de son travail: là où la 'masse' a la tendance à se copier continûment, de temps en temps, quelqu'un émerge pour la vision totale de son expression artistique. Ce n'est pas un axiome valable pour tous, pour Mika (Michael Holbrook Penniman) sans aucun doute cela correspond à la verité.

Entrer dans son site est une expérience absolument vitalisante, je me sentais un peu comme le petit Charly à la découverte de l'Usine de Chocolat. Il n'y avait aucun Mika Wonka avec son tube à m'accueillir, mais de quelque manière je me suis sentie chez moi: à la place du Billet d'Or il y a les Mika's Magic Numbers, à la place de la cascade de chocolat il y a une roue panoramique donnant sur un monde aux couleurs éblouissantes, enfin, comment ne pas se laisser tenter?

Ses fans sont accueillis par une embrassade médiatique, gâtés par une quantité de petites attentions, impliqués et, surtout, ils sont mis dans ce qui se passe minute après minute, parfois par Mika en personne. Ce n'est certainement pas mon rôle d'établir s'il n'est qu'un communicateur rusé ou bien un enthousiaste de son travail et, tout de même, en m'approchant à ce personnage polyédrique j'ai eu la sensation qu'il est motivé par une forte volonté de transmettre sa conception artistique, au-delà de la pure économie (que naturellement ne fait jamais de mal).

Exception faite pour quelque rare cas, je crois qu'il y a vraiment peu de musiciens/auteurs aussi profondément enracinés dans leur vision artistique et capables aussi d'en donner une forme expressive transversale, capables d'embrasser d'autres disciplines artistiques également. A démonstration de ce que je viens de dire, il suffirait de penser aux contributions personnelles de Mika à la création de l'art qui accompagne sa musique.

Dans The Boy Who Knew Too Much, en plus de sa sœur Jasmina (alias DaWack) avec qui il avait déjà crée le design du cd précédent, Mika a eu l'adresse et la modestie de se laisser supporter par d'autres auteurs aussi: la talentueuse illustratrice australienne Sophie Blackall, dont je vous parlerai mieux bientôt, et Richard Hogg, éclectique designer anglais avec lequel il avait déjà travaillé dans le passé.

Il est indéniable que Mika a un lien profond avec l'imaginaire enfantin. A ce propos j'ai été beaucoup frappée par une déclaration autographe parue sur son blog, le dernier 15 juillet:

"There's something dark and magic about a good picture book. The way those characters never leave you and attach themselves to a particular time of your life. The only thing I can compare it to is smells.", en français ce serait plus ou moins comme ça: "Il y a quelque chose d'obscur et magique dans un bon album illustré. La manière dont ces personnages ne t'abandonnent jamais et dont ils se lient indissolublement a une époque particulière de ta vie. La seule chose à laquelle je les pourrais comparer c'est les odeurs."

C'est comme si, en lui, ces personnages s'étaient cristallisés, en formant une constellation d'archétypes qui paraissent être source constante d'inspiration, de nourriture presque. La comparaison aux odeurs je crois être encore plus significative en relation à la puissance évocatrice que, même aujourd'hui, certaines figures appartenues à l'enfance peuvent avoir dans son imaginaire.

Ce "dark and magic" auquel il fait référence, qui sort aussi bien dans ses dernières compositions, et dont l'enfance et l'adolescence sont aussi tant constellées, est un thème constant et fort dans ses chansons: comme si sa veine mélancolique jouait à cachette, déguisée derrière les paillettes et les couleurs voyantes, protégée de la superficialité de ceux qui écoutent seulement pour se remplir les oreilles de notes indistinctes.

J'espère vivement que le grand succès médiatique, avec ses mécanismes "hache-tout", et l'inévitable maturation ne finiront pas pour entamer cette grande richesse émotionnelle et instinctuelle, qu'elles ne transformeront pas cette expression "enfantine" et souriante en cynique désenchantement.

samedi 26 septembre 2009

Mary Poppins et Marina


Dans ces derniers jours j'ai hérité une quantité de livres appartenus à ma cousine. Même s’il y a déjà deux ans des qu'elle n'est plus avec nous, entre la commotion générale qui nous est tombée dessus dans l'acte de violer cet univers à elle, aussi personnel, des trésors inattendus ont émergé, des trésors de l'enfance oubliés dans l'ombre d'une cave humide.
J'ai pris ces livres dans les mains avec la sensation que toute la tendresse du monde y était dedans car, eux oui, ils ont eu la chance de voir toute sa joie d'enfant, les hésitations des premières lectures, les sourires et les larmes. Moi, je ne suis arrivée que plus tard, quand elle était déjà adolescente, mais je me souviens très bien combien je lui enviais ces beaux livres aux illustrations chaudes et douces, avec toute la chaleur typique des images des années 50 et 60, je ne saurai comment expliquer de manière différente cette sensation que j'éprouve en regardant ces dessins.
J'étais prise dans la tentative de trouver une collocation à ces petits chefs d’œuvre qui sentent encore la moisissure et les après midis maritimes lointains dans le temps, et la voilà: dans une vieille édition de Mary Poppins, je trouve une petite lettre, un trésor dans le trésor! Découverte des découvertes qui m'a fait revoir des vieilles images voilées. Pour cela je ne peux que la rapporter ici, car elle renferme toute cette fraîcheur enfantine et cette simplicité de sentiments et cette grandeur dont je parlais dans d'autres posts.

"Chère Marina,

nous avons reçu ta lettre et la carte postale aussi que tu nous as envoié dans les derniers jours.

J'ai su que tu vas mieux et, respire bien l'air de mer, car quand tu reviendras à Parma tu vas respirer l'air de brouillard.

Dans le jour de Sainte Lucie nous nous sommes souvenus de toi et nous avons pensé te faire cadeau du livre de Mary Poppins.

Je t'en prie que, quand tu le lira, tu feras des gros rires, comme tu le faisais quand tu étais avec nous.

Comment vas-tu maintenant?

Et quand reviendras-tu?

Salutations et bisous ton

amie

Biki

S.Lazzaro, 12 décembre 1965"


Voilà, aujourd’hui j'ai envie de la rappeler ainsi...








samedi 12 septembre 2009

Il Paese Sbagliato


Présumer que d'autres personnes pourraient s'émouvoir, comme moi, en lisant ce livre est certainement erroné. Mais, comme je crois dans ce que Fossati* appellerait "appartenance", je pars de la prémisse que ceux qui me lisent partageront volontiers avec moi ces pensées.

Comme je le disais, je me suis profondément émue en lisant certains passages de ce beau livre.

"Il Paese Sbagliato" de Mario Lodi, Einaudi Editeur, Collection ET Saggi, 1970 et 1995. Publié en France, en 1972, avec le titre: "L'enfance en liberté. Journal d'une expérience pédagogique.".

Retrouver toute la fraîcheur de la pensée enfantine, pure, exempte de fins cachées, est un coup pareil à celui des ondes de l'océan: irrésistible et énergétique en même temps.

Pour ceux qui ne connaissent pas le livre, il s'agit d'un texte dans lequel Lodi a recueilli une série d'épisodes et de renseignements liés à ce qu'il appela l'une des peu îles heureuses dans le panorama scolaire Italien des années 1960, l'expérience avec la classe qu'il eut à Vho (près de Cremona) de 1964 à 1969. Lodi était partie de ce groupe d'enseignants d'école élémentaire qui avaient adhéré à l'MCE (Mouvement de Coopération pour l'Education): en se détachant des méthodes pédagogiques traditionnelles, les enseignants qui adhérèrent au Mouvement, approchèrent une nouvelle méthode d'enseignement finalisé à mettre l'enfant au centre su système. L'enfant n'est pourtant plus vu comme sujet/objet auquel inculquer des notions et des règles, mais comme être humain et libre penseur. Le but de cette méthode didactique (inspirée par le Français Freinet), comme l'explique bien Lodi, est la tentative de dégager l'homme d'une attitude passive, en le faisant devenir un penseur autonome et pourtant indépendant des logiques dominantes.

En m'excusant d'avance pour la traduction faite en vitesse, comme je n'ai pas l'édition française, je cite un passage pour tous, encore abondamment actuel:

"Dans la première guerre mondiale Agostino (ndr. un vieil homme qui avait été appelé pour raconter aux enfants de sa vie) dit que les Allemands étaient nos ennemis, tandis que dans la deuxième [guerre] au départ ils étaient nos alliés. Je ne comprends pas ce pétrin: enfin, qui est l'ennemi de l'Italie?
La conversation conduit à la conclusion que l'ennemi de l'Italie, comme de toute autre population, n'existe pas. Il existe au contraire plusieurs intérêts (comme les puits de pétrole par exemple) qui poussent les gouvernements à faire des guerres de conquête et donc à "inventer" à chaque fois l'ennemi.
[....] Pas à pas (ndr. pendant la discussion avec les enfants) on arrive à l'époque atomique.
- Est-il vrai - demande Angelo, - qu'un sous-marin est passé en dessous des glaciers du pole Nord et a fait le tour du monde à moitié sans essence ni charbon, mais avec une autre chose [énergie] que je sais qui s'appelle atomique mais je ne sais pas comment ça marche?
- L'énergie nucléaire est celle qui se dégage en liberté sur le soleil. L'homme a réussi à la reproduire, à l'emprisonner et à l'utiliser.
- Bon, très bien, - s'exclame Angelo, - et lui il en a fait la bombe!
L'affirmation d'Angelo provoque une réaction en chaîne sur ce que l'homme peut faire avec son intelligence. Et sur ce qu'il peut provoquer.
- Nous sommes en faveur de la paix, - dit Fabio en interprétant l'idée de tous.
- Si non...- ajoute Angelo, mais il s'arrête.
- Si non? - je lui demande en l'invitant à exprimer son idée.
- Si non cette ligne [c'est à dire la ligne historique de la vie d'Agostino qui domine celles de l'Italie et de l'humanité**] va terminer là et il n'y a pas de futur.
- Ce sera à vous d'écrire le futur, - lui dis-je.
- Bah oui, - dit Angelo,- nous on va faire une ligne qui commence là où la ligne d'Agostino va terminer.
- Tu liquides grand-père Augustin, - lui dis-je, - mais il n'a aucune envie de fermer son livre.
- Eh bien, - se rie Angelo, - on fera un bout de route ensemble alors." (page 197 de l'édition italienne).

Je me demande quelle sorte d'adultes sont devenus ces enfants, s'ils auront été capables de garder ce regard honnête sur le monde ou si, eux aussi, ils se sont laissés embarquer par les inutilités de la vie moderne, si eux aussi auront capitulé devant les nombreuses tentations et au lavage de cerveau continu auquel nous sommes soumis chaque jour? Vas savoir!

Il reste quand-même ce témoignage important, toujours épatant, émouvant comme je le disais auparavant, que j'espère ne se perdra jamais parmi les nombreuses oeuvres hors catalogue.


*ndr. Ivano Fossati est un musicien et auteur de chanson Italien, entre autres il a traduit et mis en musique le Déserteur de Boris Vian.

**ndr. Sur l'idée du maître, les enfants avaient donné une représentation graphique de la vie de M. Agostino, en mettant sur une ligne horizontale les événements qu'il avait racontés, soit des événements qui avaient eu une influence à niveau national, ou planétaire, que des événements plus personnels.

mardi 8 septembre 2009

It's a Snap!



Je l'admets: je suis une fondamentaliste de la photo et je n'en ai pas honte. Voilà pourquoi je vous parle aujourd'hui de ce livre très récemment paru au Canada:

"It's a Snap!: George Eastman's First Photograph" de Monica Kulling, illustrations de Bill Slavin, Ed. Tundra Books, Toronto, août 2009.

Dans ce livre, magistralement illustré par B. Slavin avec des aquarelles de différentes dimensions et perspectives, on parle de comment, il y a plus de 100 ans, M. Eastman avait inventé le premier exemplaire de ce que devint la moderne machine à photographier. Il y a au moins deux raisons d'extrême intérêt dans ce texte:


  • la première est l'aventure humaine du personnage qui nous est présenté à l'âge de quatorze ans : orphelin de père, obligé à aider la famille et à laisser l'école, il commence à travailler bientôt. Pour se détendre, Eastman décide d'essayer avec un hobby, et il choisit la Photographie. Comme pour le livre "The Day-Glo Brothers", dans ce cas aussi le personnage est très jeune, et dans l'histoire d'Eastman aussi - comme pour les frères Switzer - la capacité de mettre la fantaisie au service d'une activité pratique donna des résultats inattendus, avec des conséquences importantes dans la vie moderne aussi;
  • la deuxième est celle historique et, par conséquent, sociologique. Faire comprendre aux enfants comment l'on faisait la photo dans les temps numériques, et pré-reflex, n'est pas simplement un exercice d'application "scientifique". Bien au contraire, cela permet de composer un panneau assez vaste: partant de la science et arrivant jusqu'aux coutumes passées et présents, en mettant en évidence les égalités et les différences. Enfin, qui n'a jamais posé en groupe pour une photo? Et pourtant à l'époque de M Eastman poser pour une photo nécessitais de beaucoup de temps. Aujourd'hui nous prenons des photos à chaque instant, pour nous souvenir des moments précieux, mais dans quelles circonstances on prenait des photos il y à cent ans?

L’écriture simple et concrète de Monica Kulling, avec un apport équilibré d'ironie et de renseignements pratiques, est le moyen parfait pour arriver à comprendre le monde complexe de la photographie, et les vicissitudes humaines d'Eastman. Les illustrations, parfois à page entière, autres fois que des petits fragments encadrant des moments particuliers, certaines en couleur, d'autres sur les tons sépia, complètent harmonieusement le récit permettant une vision parallèle des événements racontés.

Pour ceux qui sont intéressés:
http://www.tundrabooks.com/catalog/display.pperl?isbn=9780887768811

vendredi 4 septembre 2009

"Building on Nature: The Life of Antoni Gaudì"


En Amérique il vient de sortir un album illustré dédié à l'énigmatique architecte Antoni Gaudì:

"Building on Nature: The Life of Antoni Gaudì", de Rachel Rodriguez, illustrations de Julie Paschkis, Ed. Henry Holt and Co., Septembre 2009.

Par les mêmes auteurs que, en 2006, avaient écrit un autre album assez intéressant sur la vie de Georgia O' Keefe*, il naît un deuxième livre dédié encore une fois à un personnage important du monde artistique comme Gaudì qui, comme O'Keefe, a introduit son idée très personnelle d'application de la beauté de la nature en art.

Cet album illustré, pour enfants âgés de 4 à 8 ans, parle de l'idée de Gaudì de représenter la beauté de la nature à travers l'architecture. Tous ceux qui ont vu "La Pedreira" ou "Casa Batlò", pour ne mentionner que deux des oeuvres de Gaudì, ne peuvent que rester sans mots en admirant le pouvoir visionnaire de cet incroyable artiste. Introduire les enfants à cet architecte polyédrique est, sans doute, une magnifique initiative qui mérite d'être communiquée.

Pour ce que j'ai pu voir ce livre me parait très intéressant, surtout il parait que les auteurs sont immanquablement attirés par des personnages particuliers, originaux et en partie réservés, qui ont mené une existence intense, de temps en temps voilé par une discrétion mystérieuse.

Sincèrement je ne suis pas totalement convaincue par les images: je trouve qu'il y en a d'intéressantes, d'autres au contraire - à mon goût personnel naturellement - me paraissent trop saturées, trop moelleuses, enfin je me rends bien compte que transporter les oeuvres de Gaudì en illustrations ce n'est pas facile. En tout cas il reste un effort admirable et, par moments absolument approprié.



* "Through Georgia's Eyes" de Rachel Rodriguez, illustrations de Julie Paschkis, Ed. Henry Holt and Co., Février 2006.





vendredi 28 août 2009

Wire News - Philosophie pour enfants


Aujourd'hui, aux Êtas Unis, il est sorti un livre qui paraît être particulièrement intéressant, titré: "Big Ideas for Little Kids, Teaching Philosophy Through Children's Literature", de Thomas E. Wartenberg, Ed. Rowman & Littlefield Education, 164 pages.

Thomas E. Wartenberg est Professeur de Philosophie à l'Université de Mount Holyoke où, depuis environ dis ans, il tient un cours pour enseignants d'école élémentaire où il leur transmet des méthodes spéciales d'apprentissage de la philosophie pour les plus petits.

Le livre nait de cette longue expérience et il est divisé en quatre parties principales:


1 - "Teaching Philosophy in Elementary Schools", où l'on contourne les bases méthodologiques de l'enseignement à des élèves si particuliers et si attentifs et vivants que les enfants;

2 - "Preparing to Teaching", où l'on donne des conseils pratiques rélativement à la structuration des leçons et sur la manière de conduire la discussion philosophique avec les élèves;

3 - "The Stories", où l'on prend par exemple des personnages, ou des albums illustrés, afin d'affronter des thématiques spécifiques comme la Métaphysique, l'Esthétique, la Philosophie Sociale et Politique, l'Épistémologie, la Philosophie du Langage, etc.;

4 - "Implications", où l'on donne des idées pour des activités à faire après que la discussion philosophique a eu lieu et les conclusions.

Parmi les albums illustrés mentionnés comme exemple, nous n'en trouvons certain décidément datés comme:



"The Important Book" de Margaret Wise Brown, Illustrations par Leonard Weisgard, Ed. Harper Collins, 1949


ou







"The Wonderful Wizard od Oz" de L. Frank Baum, publié en origine par George M. Hill Company en 1900




ou






"The Giving Tree" de Shel Silverstein, de 1964 et publié dans le monde entier


avec des albums décidément plus modernes comme:




"Knuffle Bunny, a Cautionary Tale" de Mo Willems, Ed. Hyperion Books for Children, 2004




ou




"Emily's Art" de Peter Catalanotto, Ed.Richard Jackson Books, 2001



Pour écouter une intéressante interview avec l'auteur (en anglais), Vous pouvez aller sur le link suivant: http://www.justonemorebook.com/2007/02/05/interview-with-thomas-wartenberg/

Pour acheter le livre: http://www.rowmaneducation.com/Catalog/SingleBook.shtml?command=Search&db=^DB/CATALOG.db&eqSKUdata=1607093340

jeudi 27 août 2009

Bonjour à tous,


je m'excuse pour ce silence prolongé mais, comme beaucoup de monde, j'ai été en vacances pour quelques jours.


J'écrirai bientôt avec des nouveautés intéressantes.




Illustration par Andrea Marazzi
copyright © 2006

samedi 11 juillet 2009

Poesie per Aria - Chiara Carminati

"Poesie per aria"
de Chiara Carminati, illustrations de Clementina Mingozzi, Editeur Topipittori, 2009


Tous ceux qui ont connu Chiara Carminati personnellement comprendront la raison de mon estime profonde, personnelle avant qu'artistique, pour cet incroyable écrivain.

Chiara est comme ses poésies: gaie, joyeuse, légère comme une brise et profonde, intense, d'une densité qui touche et rafraiche en même temps. Sa maîtrise avec les mots est, je crois, particulière de ceux qui portent en soi une partition qui résonne constamment: une musique profondément liée à son âme.

Dans ce livre, merveilleux, encore une fois Chiara nous offre cette grande capacité qu'elle a avec la générosité infinie dont elle est capable, sans se ménager. Il est aussi rare de trouver des personnes capables d'autant d'élan et ce serait d'hommage de renoncer à un livre pareil.

J'espère que Chiara et ses éditeurs ne m'en voudront pas si je mets un morceau de l'un des poèmes au fond de ce post, je crois qu'il est important de vous faire comprendre avec ses mots, plutôt qu'avec mes pauvres mots découcus, ce que je voulais exprimer (même si je ne vais pas traduire le texte, je suis certaine que les sons vous plairont):

L'aria

L'aria e' fiato, soffio e brezza
sulle guance ti accarezza.
L'aria gonfia, svela, spinge
con le nuvole dipinge
fischia e schiocca tra le fionde
si riposa sulle onde.

... (omissis)

Les illustrations de Clementina Mingozzi accompagnent les poésies avec discrétion, les illustrant avec sensibilité et goût, en les complétant mais sans être envahissantes dans leur sobriété et linéarité.

Pour ceux qui sont intéressés à approfondir la connaissance de Chiara, voici son site: http://www.parolematte.it/

vendredi 10 juillet 2009

Paul B. Janeczko & Chris Raschka

Prononcer ces deux prénoms ensemble pourrait être bien plus difficile que dire un virelangue mais, je vous assure, il n'y a aucune raison pour s'en repentir. Aujourd'hui j'ai décidé de vous parler d'une série de livres de poésie, publiés par Candlewick Press, le premier desquels a paru en 2001 avec le titre...





"A Poke in the I, a Collection of Concrete Poems"

Apollinaire aurait été charmé par ce joli livre, ou poésie et illustrations jouent ensemble, se confrontant pour arriver à un resultat final de beauté unique. Dans ce livre il n'y a pas seulement poésie et intensité, il y a aussi le goût pour le jeu, l'imagination et le divertissement: la méthode la meilleure pour que les enfants approchent la poésie avec plaisir.





Le deuxième livre a été pubblié en 2005...



"A Kick in the Head, an Everyday Guide to Poetic Forms"

Un vrai guide aux formes poétiques, avec un glossaire à la fin du livre complet d'explications techniques. Un livre fantastique, simple et en même temps précis dans lequel, entre autres, on retrouve des poèmes de William Blake, Edward Lear, Bobbi Katz, John Hollander et William Shakespeare! Les magnifiques illustrations de Raschka ne sont pas simplement description des poèmes mais, grâce à un système originel at amusant, elles donnent un véritable guide visuel qui rend bien plus facile reconnaître les formes poétiques proposées dans le livre.



Le dernier livre, j'espère seulement pour le moment, a été publié il y a quelques mois et est titré...


"A Foot in the Mouth, Poems to Speak, Sing, and Shout"

Comme Janeczko dis dans son Introduction au livre: "La poésie est son, Oh, certes, la poésie est autres chauses aussi, mais le son doit être prêt du sommet de la liste. Pour entendre le son d'un poème, pour l'entendre vraiment, il faut le lire haute voix, ou avoir quelqu'un qui puisse le lire pour toi.". Dans l'index, l'auteur sépare les poèmes dans plusieures catégories: par exemple s'ils sont à une, deux, trois voix ou s'ils sont des virelangue ou des poèmes brefs, bilangues ou de groupe. Entre autres, nous trouvons le poème Jabberwocky par Lewis Carrol, plein de non-sens mais riche de sons pressants et mélodieux. Nour retrouvons Shakespeare, le morceau de Macbeth ou les sorcières préparent une dégoûtante potion magique. Très amusant! Les immanquables images de Raschka, encore une fois, ne deçoivent pas le lecteur: il joue avec la page en la remplissant de couleur, les images rentrent dans les poèmes, tant que le lire n'est pas seulement agréable mais fluide et gai. Un autre chef-d'oeuvre pour vos enfants.

mercredi 8 juillet 2009

Wire News - Terrible Yellow Eyes















Illustration de Bill Carman


Pour tous les connaisseurs de Maurice Sendak et, en particulier, pour ceux qui aiment Where the Wild Things Are, voici un link très interéssant où differents illustrateurs dans le monde ont donné leur intérpretation des fameux personnages, en les habillant avec leur immagination.
















Illustration de Dan Matutina


















Illustration de Cory Godbey

mardi 7 juillet 2009

Wire News - Sabine Sicaud (1913-1928)

Pour tous ceux qui ne croient pas à la profondeur d'âme des enfants, à leur capacité de comprendre, à leur sensibilité et intensité, une lecture particulièrement intéressante: http://www.filidaquilone.it/num014ciampi.html
Car la littérature n'est pas grande ou petite selon ceux qui l'écrivent ou la lisent...

lundi 29 juin 2009

Wire News - The Day-Glo Brothers


The Day-Glo Brothers: the true story of Bob and Joe Switzer's bright ideas and Brand-New colors

de Chris Barton

illustrations de Tony Persiani

Editeur Charlesbridge Publishing Inc, 2009


Dans les derniers jours, aux Etas Unis, il est sorti dans les librairies un intéressant album illustré dédié aux frères Switzer: les inventeurs des couleurs Day-Glo, c'est à dire des couleurs fluorescentes.

Il s'agit d'un album de non-fiction, où l'on raconte comme je disais l'histoire de deux frères, apparemment très différents l'un de l'autre et de comme ils ont réussi, grâce à leur curiosité, à leur intelligence et à l'esprit de collaboration, à inventer quelque chose qui aurait révolutionné le monde des couleurs et bien d'autres mondes aussi. Il suffirait de penser aux différentes utilisations que l'on fait tous les jours des couleurs fluo (en partant des signalisation routières, pour continuer avec les uniformes des pompiers douées de bandes fluorescentes, en terminant avec les simples couleurs), pour mieux comprendre la portée révolutionnaire d'une invention pareille.

Je vous joins quelques images significatives, pour comprendre comment ces dessins raffinées en plein style New Yorker, et les couleurs invariablement fluo, sont la parfaite cadre à cette histoire intéressante qui nous enseigne comment, des fois, les découvertes ne sont pas seulement le résultat du hasard, mais aussi de génialité, engagement et recherche.

























Si vous êtes intéressés à l'acheter on-line:

mercredi 24 juin 2009

Marcos Ana


J'ai commencé à tenir ce Blog il y a seulement quelques jours et déjà je décampe vers un auteur qui n'écrit pas exactement pour enfants. J'ai choisi tout de même de vous parler de ce poète car chacun devrait le lire, même les enfants. Ce n'est pas seulement parce que je veux vous en parler ou car c'est mon plaisir d'en vous parler, c'est aussi pour devoir civile dans le plus haute sens de ce terme que je le fais.

Marcos Ana (au siècle Fernando Macarro Castillo) est un héros de temps qui nous paraissent désormais lointains. Avec ses presque quattre-vingt-dix ans et son allure incertaine, Marcos Ana a l'habilité singulière de désarmer et de toucher avec des mots simples et ouverts. Pour ceux qui ne connaissent pas encore son histoire je résumerai en disant qu'il fut prisonnier politique, sous la dictature de Franco, pour vingt-trois ans: il fût emprisonné à l'âge de dix-huit ans, il en sortit à plus de quarante. Il soufra tortures de tout type, les plus cruelles imaginables, mais son esprit indompté et coriace l'aida à survivre à toute cette horreur. L'entendre parler est l'expérience plus touchante d'une vie, car avec une calme résolue il ne nous permet pas d'oublier que la liberté est la chose la plus importante que nous avons.

Dans des époques de léthargie comme celle que nous vivons, il est probable que des messages comme celui de M. Ana étaient réglés avec un biais sourire de suffisance, cependant parmi les plus j'espère qu'il y aura toujours quelqu'un prêt à cueillir ce message, à le rendre sien, en le défendant de l'oubli.

Je cite, ci dessous, deux brèves pièces que l'auteur à mis dans son autobiographie récemment éditée par Crocetti Editeur: "Ditemi com'è un albero - Memorie della prigione e della vita", http://www.crocettieditore.com/, un petit chef-d'oeuvre que je vous conseille avec chaleur. Je m'excuse si je ne fais pas la traduction en français mais mon habilité linguistique (inhabilité plutôt) ne me permet pas de faire un bon travail, je suis certaine que vous pourrez trouver des bonnes traductions sur le net. Une petite nouvelle: il paraît que le metteur en scène Pedro Almodovar a acheté les droits cinématographiques de ce livre pour en faire un film.



LA MIA CASA E IL MIO CUORE
(sogno di libertà)

Se un giorno tornerò alla vita
la mia casa non avrà chiavi:
sempre aperta, come il mare,
il sole e l'aria.

Che entrino la notte e il giorno,
la pioggia azzurra, la sera,
il pane rosso dell'aurora;
la luna, mia dolce amante.

Che l'amicizia non trattenga
il passo sulla soglia,
né la rondine il volo,
né l'amore le labbra. Nessuno.

La mia casa e il mio cuore
mai chiusi: che passino
gli uccelli, gli amici,
e il sole e l'aria.
LA VITA

Ditemi com'è un albero.
Ditemi il canto del fiume
quando si copre di uccelli.

Parlatemi del mare. Parlatemi
del vasto odore della campagna.
Delle stelle. Dell'aria.
Recitatemi un orizzonte
senza serratura né chiavi
come la capanna di un povero.

Ditemi com'è il bacio
di una donna. Datemi il nome
dell'amore: non lo ricordo.

Profumano ancora le notti
d'innamorati con tremiti
di passione sotto la luna?

O resta solo questa fossa,
la luce di una serratura
e la canzone delle mie lapidi?

Ventidue anni... Già dimentico
la dimensione delle cose,
il loro colore, il loro profuno... Scrivo
alla cieca: "il mare, "la campagna"...
Dico "bosco" e ho perduto
la geometria dell'albero.

Parlo per parlare di argomenti
che gli anni mi hanno cancellato.
(Non posso continuare: sento
i passi del funzionario).

vendredi 19 juin 2009

Mi presento

Bonjour à tous et bienvenue sur mon blog,

je m'appelle Cristiana, sur Myspace j'ai presque 100 ans, dans la réalité je suis un peu plus jeune.
Dans des temps anciens, pour nous comprendre mieux je pourrais dire Il y était une fois, j'ai pris mon diplôme universitaire en langues et littératures étrangères avec une thèse sur l'influence du Symbolisme français dans Salomé de O. Wilde, puis j'ai changé sentier...

J'ai commencé à traiter de littérature juvénile relativement récemment: comme d'habitude, dans ma vie il paraît que je nécessite de temps de méditation moyennement longs pour trouver la bonne route.

Je dois ma passion pour cette partie de littérature à ma grand-mère maternelle, la seule que j'ai jamais connue... la voici


Ma grand-mère était une personne simple, mais elle avait une imagination riche: elle passait des nuits entières en lisant des romans de n'importe quel gendre, elle aurait vécu en voyageant, elle était fière de combien de sucre et de beurre elle mangeait car - disait-elle - aux temps de la guerre les avoir était un luxe, elle aimait écouter la radio en chantant tant qu'elle faisait les ménages, elle créait pour ses petit-fils des jeux fantastiques mais, surtout, elle était une merveilleuse narratrice. Je me souviens de certains après-midi légèrement ensommeillés, jusqu'après le déjeuner, tandis que dans le lit elle me racontait des histoires fantastiques: ses bras sentaient bon et de ce port tranquille je partais légère, prête à vivre des aventures incomparables, toujours différentes. Pourquoi je vous parle d'elle, vous-vous demanderez? Parce-que vous parler d'elle est aussi vous parler de moi, et parce-que c'est grâce à elle si, même aujourd'hui, je continue à surfer légère comme un nouage.

Quant à la beaucoup moins magique moi donc... depuis quelques temps j'écris pour une revue de littérature juvénile, dans les dernières années j'ai tenu plusieurs ateliers créatifs pour enfants âgés de 4 à 8 ans, si tout va comme il faut, dans l'automne je devrais tenir un cours de littérature juvénile avec l'Université populaire locale, et maintenant me voici prête à vivre cette nouvelle aventure avec tout mon enthousiasme.

Ayant eu la possibilité de voyager assez souvent, j'ai eu la chance de pouvoir repérer des livres que, ici en Italie, on ne trouve pas facilement: je serai ravie de pouvoir partager tout ça avec vous. Pendant mes recherches j'ai trouvé aussi des véritables chefs d'oeuvres, certains oubliés, j'aimerai bien vous en parler.

Je pense avoir tout dit ou presque.

Et maintenant, je vous fais un wistful et je disparais dans le brouillard!

Cristiana