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mercredi 9 décembre 2009

Au Clair de la Nuit - Motus Editions

"Placida notte, e verecondo raggio della cadente luna"... ainsi commence l'un des très rares poèmes dont je me souviens dès temps scolaires.

Les raisons de l'attraction des hommes pour l'astre lunaire ne sera pas l'objet de mes observations, et pourtant il reste un fait concret: l'homme a fait de la lune, depuis toujours, un objet d'inspiration, d'adoration et de superstitions même.

En 2009, à 40 ans de distance de l'atterrissage de l'homme sur la lune en 1969, au moins une dizaine de livres ont été publiés.

Parmi les beaux livres ayant ce sujet je vous signale un texte que je viens de trouver au Salon de Montreuil, chez l'Éditeur Motus:

Au Clair de la Nuit, textes de Janine Teisson, illustrations de Joanna Concejo, collection "Pommes, Pirates, Papillons", Éditions Motus, 2009.

Au Clair de la Nuit est un petit chef d'œuvre de soin et de qualité, il est un véritable plaisir de l'avoir entre les mains et pour la consistance rugueuse et l'épaisseur de son papier, et pour la sobre composition, et pour la belle combinaison de texte et illustrations qui nous mènent à la découverte de nouvelles images poétiques.

Il s'agit en effet d'un recueil de poèmes brefs tous dédiés à la lune, des petites phrases chargées de symboles désuets, ironiques, amusantes et parfois mélancoliques mais toujours originelles qui nous posent des petites questions telles que:

"Pourquoi la lune n'a pas d'oreilles?", ou...

"Pourquoi les lapins dansent-ils sous la lune?", ou...

"Tu veux confier ton secret à qui ne le répétera jamais?", ou...

"On dit que la lune est pleine. Mais pleine de quoi?"




Les images en noir et blanc de Joanna Concejo aiguisent à traits la sensation de mélancolie, elles fortifient le message poétique des textes en laissant transparaître tout ce qui n'a pas été dit, en nous faisant percevoir la distance qui nous sépare de la lune mais aussi le voisinage qu'à fois nous surprends quand on regarde en haut.

Un texte que je conseilles à tous, même aux grands.

Pour plus de renseignements sur les publications de Motus: http://www.editions-motus.com/

Copyright images et textes Ed. Motus © 2009

lundi 7 décembre 2009

L'Heure Bleue - Naïve Editions


Aujourd'hui je vous porte l'exemple d'une collaboration éditoriale que je définirai très heureuse et profitable. Ce partenariat me fait réfléchir sur combien sont importantes, dans le monde de l'édition aussi, le contacte humain, la vision intelligente de son métier et l'affinité, au-delà de l'aspect purement professionnel et de business.


L'Heure Bleue, textes de Massimo Scotti, illustrations de Antonio Marinoni, traduction en français par Sophie Royère, Editions Naïve (31 octobre 2009) 



A l'occasion du Salon de Montreuil, j'ai eu une très agréable surprise: dans le stand de l'Éditeur Naïve j'ai trouvé la copie, en langue française, de l'album L'Ora Blu, publié en Italie par la Maison d'Édition Topipittori il y a quelques semaines d'avance seulement.

Ce n'est pas la première fois que la Naïve Éditions publie, à bref, un album des Topipittori: par exemple en 2007 ils publièrent Velluto. Storia di un ladro voici la couverture de l'édition française:












Velours : Le nez d'un voleur, textes de Silvana D'Angelo, illustrations de Antonio Marinoni, traduction en français par Sophie Royère, Editions Naïve (1er septembre 2007).


En parlant avec Mme Patrice, responsable de Naïve Jeunesse, j'ai pu constater combien il est fondamental (surtout parmi les petits éditeurs) l'attention à son produit mais aussi, et surtout, l'ouverture mentale et le suivre de près ces maisons d'édition étrangères qui produisent des livres affins à ses exigences, en plein esprit de collaboration. Je dois avouer que cette conversation a été, pour moi, source d'extrême satisfaction personnelle : en effet j'ai eu la confirmation de certaines convictions bien enracinées en moi, comme l'importance de partager, et aussi l'idée que dans le monde éditoriale il ne faut pas avoir des limites pour ce qui concerne la collaboration entre acteurs appartenants à un même gendre. Je fais un ultérieur pas en avant en avouant que je trouve profondément salutaire l'ouverture à la contamination, en toute forme, en tant qu'inévitable apporteur d'enrichissement. Il suffit de penser à Bruno Munari pour comprendre ce que j'entends.

Le secteur de l'édition à l'enfance, à partir des années 60-70 en particulier, a été profondément à l'avant garde, ouvert à l'expérimentation, grâce à ce sens commun qui poussait et pousse encore auteurs, illustrateurs et éditeurs vers une direction aux mille facettes mais univoque dans son propos principal: la création de petits chefs d'œuvre à laisser dans les mains des enfants. Loin de moi de créer l'illusion d'un monde enchanté, on ne peut pas parler pour tous d'excellence: très souvent on vois des livres vraiment pauvres, de qualité redoutable soit à niveau graphique-illustratif qu'à niveau textuel, et d'ailleurs les affaires règnent souverains dans ce secteur aussi. Et pourtant, grâce au ciel, il y a encore des personnes courageuses qui publient même en sachant qu'ils sont en train de conduire une bataille difficile, tortueuse, souvent  non productive mais ils restent quand-même fermes dans leurs propos en dépit de tout.

C'est aussi pour cette raison que j'ai décidé d'ouvrir, à partir d'aujourd'hui, une nouvelle section du blog dédiée à ces maisons d'édition que, à mon très discutable avis, travaillent de manière excellente: je vous tiendrai au courant le plus possible sur les nouvelles parutions et sur les initiatives des maisons d'éditions que j'ai sélectionnées et dont je ne vous dévoilerai les noms qu'un peu à la fois.... Un peu de suspens ne fais jamais de mal!

Je suis satisfaite d'avoir commencé cette section en vous parlant d'un coup de deux maisons: Naïve Éditions, dont vous aurez bientôt d'autres nouvelles, et les Topipittori que j'estime profondément non seulement pour les deux beaux esprits qui la dirigent, c'est à dire Giovanna Zoboli et Paolo Canton, mais aussi pour le soin et l'attention presque compulsive qu'ils ont pour les livres qu'ils produisent.

mardi 1 décembre 2009

Wa Zo Kong di Beno Wa Zak (ovvero Benoît Jacques)

A l'occasion du dernier Salon du Livre de Montreuil (25-30 Novembre) plusieurs livres particulièrement intéressants ont été édités. Le Salon est toujours motif de découvertes et de fulgurations artistiques, il y a à peine un an je fus fascinée par le génie d'un éclectique auteur français: Benoît Jacques.

Quand je vus La Nuit du Visiteur, je fus littéralement sans mots: un livre simplement génial et non seulement pour la nouvelle interprétation absolument originelle de l'histoire du Petit Chaperon Rouge, ou pour l'utilisation essentielle et efficace des couleurs qui contribuent à augmenter le pathos de l'histoire, mais pour l'ensemble de ce chef d'œuvre que je pense être l'un des meilleures livres pour enfants qui ont été publiés dans les dernières années.

Ce n'est pas un cas si, en occasion de l'édition 2008 du Salon, ce livre reçut le prestigieux Prix Baobab, et ce n'est pas un cas si l'Editeur Orecchio Acerbo prit immédiatement la chance de publier ce livre en italien en mai dernier, sous le titre Aprite quella Porta! Je prends cette occasion pour remercier personnellement les gens d'Orecchio Acerbo pour avoir donné aux lecteurs italiens la possibilité de ne pas perdre ce livre merveilleux.

Je vous mets ici le link au vidéo sur la distribution du prix Baobab a M. Jacques: un moment très émouvant, où l'auteur et éditeur nous raconte de son rêve et du dur travail, de ses efforts et de son engagement.

Aujourd'hui je suis heureuse de vous annoncer la sortie, pour le Salon 2009, d'un nouveau livre de M. Jacques titré Wa Zo Kong: la tragique et singulière histoire d'un "Wa Zo ki vo lpah... y Kou"... Je ne vous dirai pas plus que ceci: il s'agit de l'histoire d'un Wa Zo (oiseau) et de son incapacité de voler. Les illustrations sont en noir et blanc, essentielles et pourtant chaleureuses et engageantes. Un texte absolument amusant, plein de cette ironie caustique et désacralisante en plein style de M. Jacques qui nous fait sourire et réfléchir en même temps sur les parcours humains. Dans la simplicité de ce texte et de ses illustrations, le monde animale semble être une excuse plus que le véritable sujet du livre: dans ce qui n'est pas dit semblent se cacher des significations bien plus subtiles sur les comportements humains, sur la société moderne et ses mécanismes, sur les ainsi dites lois qui dominent nos actions. Il parait enfin que M. Jacques veuille nous suggérer un point de départ pour réfléchir, pour ouvrir nos esprits au libre penser.

Wa Zo Kong de Benoît Jacques, Benoît Jacques Books, Novembre 2009.

Avec l'espoir que le rêve d'enfant que M. Jacques est en train de vivre à travers son aventure éditoriale puisse continuer encore longtemps, pour notre bien aussi, pour ne jamais arrêter de croire que chacun peut dire ce qu'il pense et le représenter au de là des lobbys des grandes maisons d'édition, et aussi des lobbys culturelles et politiques de toute sorte. Merci M. Jacques!




















Copyright Images Benoît Jacques. Imagines reproduites avec la permission de l'Editeur Benoît Jacques.