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samedi 20 février 2010

Vorrei Avere - Topipittori et Sarbacane!


Très probablement la créature la plus imparfaite que Dieu ait créé, c'est l'homme. Les animaux, eux, sont exactement comme ils devraient être.


Cet album illustré est un 'cantique' au monde animal, fait d'images et mots qui s'ensuivent dans treize tables admirablement illustrées, grâce auxquelles nous pouvons apprécier ce qui nous entoure d'un nouveau regard.

Ce sont les yeux des enfants qui observent les animaux, qui les admirent: les enfants voudraient en avoir les qualités, ils s'identifient dans leur agilité, dans la détente féline, dans la vue aiguë, dominant le monde.

Ce sont les voix des enfants qui jouent à se reconnaître dans les animaux, dans un échange d'identité qui ramène l'homme à son origine instinctuelle et lointaine. Car le lien que les enfants ont avec la nature est viscéral et immédiat. Il n'y a aucune nécessite d'explications particulièrement compliquées: la nature, avec ses mécanismes et ses cruautés, est parfaitement compréhensible et acceptée.

Et ainsi quelqu'un voudrait avoir:


"Le orecchie immense dell'elefante per intendere quel che dice il cielo" *




Ou:



"La voce della balena che canta e si sente a un oceano di distanza"**




Comme les éditeurs nous racontent, dans la présentation de ce livre, il s'agit de:

"Un libro in cui la bellezza non è mai nominata, ma in cui tutto lascia intendere che è ad essa che tende la voce che lo percorre.
Un libro-preghiera, per dire che se il pensiero è laico, la natura no.
Lei è sacra."***

Le texte de Giovanna Zoboli est souple, sec. Un langage essentiel, où il n'y a aucun espace pour d'inutiles fioritures, où chaque mot est mis en évidence dans toutes ses significations possibles. Les phrases sont brèves, elles résonnent dans la tête, tandis que les yeux se perdent dans les illustrations habillant les mots de détails et couleurs, mettant en relief leur pouvoir évocateur.

Simona Mulazzani donne toujours des visages intenses aux protagonistes de ses tables, toujours centrales, avec des fortes références à la peinture: je pense par exemple à l'image du tigre qui me rappelle aussi tant les tableaux du Douanier, Henri Rousseau, avec ses coups de pinceau plus denses et pâteuses et des touches plus légers qui n'en dédramatisent la force.

Retrouver, dans un nouvel album, un couple artistique aussi bien solide est un grand plaisir. Dans le passé ces deux artistes ont obtenu des reconnaissances importantes, comme le Prix Andersen en 2008, pour le Meilleur Livre dans la section 0-6 ans avec l'album titre "Al supermercato degli animali". D'autres livres bien connus de Giovanna Zoboli et Simona Mulazzani sont: "Filastrocca ventosa per bambini col fiato corto" et "Anselmo va a scuola", toujours chez la maison d'édition Topipittori.

Il y a aussi une nouvelle, que je trouve très intéressante: ce livre va sortir simultanément dans d'autres pays que l'Italie, cela démontre ce que je soutenais déjà ailleurs relativement à l'importance de la collaboration parmi maisons d'édition.

En particulier "Vorrei avere" sera publié, avec des couvertures différentes, aussi chez:

Éditions Sarbacane, en France
Peter Hammer Verlag, en Allemagne
Los cuatro azules, en Espagne
Moon Won, en Corée
et pour terminer au Mexico, pour les éditions Tecolote, même si avec quelques jours de retard par rapport aux autres pays.

Avant de vous laisser, j'aimerais vous demander: "Et vous, que voudrez-vous avoir?"

Si vous me posez cette question, je vous dirai que je souhaiterais avoir:



"Il colore della pantera di notte per confondersi nel buio."****



"Vorrei avere", textes de Giovanna Zoboli, illustrations de Simona Mulazzani, Ed. Topipittori, février 2010.


Un grand merci à Paolo Canton et Giovanna Zoboli pour m'avoir permis de publier les images dans ce post et pour l'aimable collaboration.



Copyright© texte et images Editeur Topipittori 2010. Les images ont été reproduites avec la permission de l'Editeur.



* "Les oreilles immenses de l'éléphant pour écouter ce que le ciel dit"

** "La voix de la baleine qui chante et qu'on entend à la distance d'un océan"

*** "Un livre où la beauté n'est jamais nommée, mais où tout laisse comprendre que c'est à elle que la voix le parcourant tends."
Un livre-prière, pour dire que si la pensée est laïque, la nature non.
Elle est sacrée."

**** "La couleur de la panthère la nuit pour me cacher dans le noir"

lundi 15 février 2010

L'Albero di Anna - Orecchio Acerbo Éditeur et Éditions du Rouergue

"Dans les villes de poussière et de bruit,
je suis celui qui le premier annonce la venue du printemps.
En avril éclosent mes bourgeons et d'un même élan surgissent
mes fleurs et mes feuilles.

Je suis un marronnier."


Déjà dans les premières lignes, cet album nous transporte dans une dimension 'autre'. Le monde nous apparaît différent lorsque observé parmi les branches d'un marronnier: les saisons s'alternent avec le changement de son feuillage, la vie passe avec un rythme presque suspendu car, celui qui parle, a eu une vie centenaire et le couler frénétique des jours ne le touche pas trop.

D'autre part ceci n'est par un marronnier quelconque, ce n'est pas que le narrateur de notre histoire c'est, en premier, un porteur de mémoires. Nous pouvons nous demander, justement, quelle sorte de mémoires pourrait-il avoir un arbre? Dans le passage lent de son existence, qu'est-ce qui a pu toucher autant un marronnier jusqu'à qu'il nous parle de ses souvenirs?
Eh bien, ce marronnier a vécu toute sa vie dans un jardin, au numéro 263 Canal de l'Empereur, à Amsterdam.

Si encore cette adresse ne vous suggère rien, alors écoutez encore sa voix:

"Moi, le marronnier dans le jardin de la maison 263, Canal de
 l'Empereur, j'ai donné à une jeune fille de treize ans, captive
comme un oiseau en cage, un peu d'espoir et de beauté."

Le tableau commence à être un peux plus clair mais il n'est pas encore bien défini, nous ne pouvons pas encore comprendre ce que, dans ses souvenirs, était aussi important pour qu'il le garde avec autant d'attention, pour tout ce temps.

Avec son rythme indéfini, le marronnier nous raconte que nous sommes en 1942: le monde est bouleversé par un "mal terrible", réglé par des lois injustes, les gens autrefois normales sont maintenant comme fous. Ceux qui sont soumis aux nouvelles, terribles, lois ne trouvent pas d'issue, ils cherchent une solution certains en échappant, d'autres en se cachant aux yeux du monde.


(image non disponible)


"C'est le lun 6 juillet 1942 qu'ils arrivent dans l'annexe
de la maison sur le Canal de l'Empereur.
....
Dans son cartable, elle [qui n'a pas encore de nom] a glissé un petit cahier cartonné
très précieux: son journal intime, reçu pour l'anniversaire
de ses treize ans..."

Avant de connaître le nom d' "elle" nous n'en connaîtrons les sentiments, les sensations, les humeurs changeants et contrastants, nous rencontrerons ses peines. Nous verrons notre marronnier, pour la première fois, à travers ses yeux de prisonnière rêvant la liberté, le ciel bleu, les mouettes qui volent dans l'espace immense. Nous lirons de son bouleversement en voyant, de la petite fenêtre de l'annexe, le monde devenir de plus en plus nu et sombre, en percevant la mort toujours plus dominante. Nous l'entendrons participer, dès son coin caché, aux douleurs du monde: car il ne suffit pas de portes fermées pour les empêcher d'envahir toute chose.

C'est encore une fois la voix d'Anne, Anne Frank, qui nous arrive par des chemins différents: cette fois ella a été filtrée par la sensibilité de deux artistes exceptionnels, tels que Irène Cohen-Janca et Maurizio Quarello. En changeant la perspective d'une histoire bien connue, ils nous la rendent encore plus riche, plus émouvante.

L'immobilité dont le marronnier est forcé est la même qu'emprisonne Anne: obligés de se regarder l'un l'autre, narrateur et protagoniste se dévoilent à nos yeux dans toute leur condition. Il n'y a aucune action qu'ils peuvent accomplir afin de changer leur état, le seul agir possible demeure dans le pouvoir du regard, dernier rempart de liberté.

L'arbre est malade, il va sans doute mourir, c'est la raison pour laquelle il décide de raconter ce dont il fut témoin. Anne est prisonnière, elle sera découverte et transportée dans une nouvelle et bien plus triste prison. Anne aussi va mourir, nous le savons déjà.

Et alors, pourquoi raconter cette histoire encore une fois? Qu'est qu'on nous dit de nouveau? Tout et rien: rien parce que nous connaissons déjà les vicissitudes d'Anne Frank, tout car les raisons mêmes de la vie humaine sont l'expérience, le témoignage et la mémoire.

Le petit greffon pris du marronnier au numéro 263 Canal de l'Empereur deviendra un nouvel arbre, mais pas un arbre quelconque: ce sera le marronnier de la mémoire.






(image non disponible)












"L'albero di Anna", texte d'Irène Cohen-Janca, illustrationis de Maurizio A.C. Quarello, traduction du francais de Paolo Cesari, Orecchio Acerbo Éditeur, 2010.

Publié en origine sous le titre: "Les arbres pleurent aussi", pour les Éditions du Rouergue, 2009.



Je voudrais que chaque enfant ait ce livre dans sa petite bilbiothèque: c'est un chef d'œuvre de poétique et d'images difficilement égalable. Les textes d'Irène Cohen-Janca nous transportent d'une tendresse infinie à travers l'histoire, sans jamais de fléchissements. Les illustrations de Maurizio Quarello la dévoilent avec vibrante sensibilité, confirmation de son talent incroyable et de sa versatilité.


Un remerciement spécial aux teams d'Orecchio Acerbo et du Rouergue pour m'avoir permis d'utiliser les images dans ce post et, encore une fois, à Orecchio Acerbo pour avoir publié en Italie un chef d'œuvre d'oltralpe.



Copyright© texte et images Éditions du Rouergue, 2009.  Orecchio Acerbo Éditeur 2010. Les images ont ete reproduites avec la permission de l'Éditeur.


dimanche 24 janvier 2010

Mirette à Barcelone - Éditions Sarbacane

Pour tous les amateurs des aventures de Mirette, la jeune détective en herbe avec son fidèle Chassistant Jean-Pat toujours à ses côtés, il y a des très bonnes nouvelles: dans environ dis jours, dans les librairies, un nouvel épisode va paraître, ce sera le troisième de la série Les Enquêtes de Mirette, situé à... Barcelone!


Après le premier épisode paru en Février 2008, titré Panique à Paris, où Mirette et Jean-Pat ressoudent le mystère dont les protagonistes sont la chanteuse d'opéra Sissi Bemol, le metteur en scène de l'Opéra de Paris Henri Rideau (aussi dit Riri) et voisin de Mirette, l'horloger Julius Taktik et l'envieuse concierge Germaine Choublan (cousine de Taktik)...

et après le deuxième épisode, paru en Février 2009 sous le titre Big Frousse à Londres, où la petite-nièce du célèbre détective Jean-Patrick Lelièvre est attirée dans la capitale anglaise par un mystérieux coup de téléphone de son aïeule, Tante Dorothy, et où on la voit impliquée dans un mystère embrouillé lié à un étrange majordome...

voilà que Sarbacane vas publier le troisième épisode, titré

Qué Calor à Barcelone! de Fanny Joly, illustrations de Laurent Audouin, Éditions Sarbacane, Février 2010

Je me demande à quoi les vives mens de Fanny Joly et Laurent Audouin auront étés capables d'inventer cette fois. Ce que je sais, sans aucun doute, c'est que nous ne nous ennuierons pas, enfin ce serait impossible avec les rythmes pressants des aventures de Mirette et de son détectichat Jean-Pat: entre un Choumoullouws (marshmellows pour chats) et autre, pilotés à travers des lieux plus ou moins mystérieux grâce à l'aide du Super Zécran Tactile (un instrument indispensable pour tous détectives de qualité), Mirette et Jean-Pat nous trainent à la découverte de certaines des villes les plus fameuses du monde.

Pour amour de patrie je me demande à quand une aventure Romaine pour les deux inséparables amis! Nous en saurons sans doute quelque chose en plus en suivant le très intéressant blog de Laurent Audouin dans lequel, en plus de quelques avant-premières sur la série, nous pouvons trouver beaucoup de renseignements à propos de la création artistique, de l'élaboration des images et de la reconstruction, et sur l'utilisation de certains objets d'époque afin de rendre le scénario des albums plus véritable, et beaucoup plus encore.

Dans l'attente de la sortie de l'album dans les librairies, prévue pour le début de Février, nous pouvons rafraîchir notre mémoire en lisant les deux premiers épisodes.



Les images ont été reproduites avec la permission de l'Éditeur Sarbacane.
Copyright images et texte Éd. Sarbacane © 2008-2009-2010

vendredi 8 janvier 2010

Quelles Couleurs de Régis Lejoinc



"Un jour je me suis rendu compte que je n'avais pas vraiment de couleur préférée. Ce que je sais, c'est que si le monde était sans couleurs, il ne serait pas noir et blanc, comme dans les vieux films." ainsi écris, dans la préface, l'auteur de ce nouveau livre, Régis Lejoinc.

Sorti par l'Éditeur Thierry Magnier à la fin de 2009, Quelles Couleurs, est un texte vraiment surprenant, plein d'évocations inusuelles. C'est un livre vif et poétique, joyeux, plein de vie et de petites choses, comme si le contenu de la boite secrète d'un enfant avait été vidée sur la page en y imprimant tout un petit monde, fait de choses simples mais précieuses.

Dans une très intéressante interview sur le Blog de la Revue La Citrouille, Lejoinc nous raconte de comment l'idée de ce livre est née. L'auteur nous explique que tout a commencé par une réflexion sur son métier d'illustrateur, c'est à dire qu'il se rendit compte d'être plus un "illustrateur-narrateur qu'un illustrateur-décorateur", que ses efforts créatifs étaient meilleures si instinctifs plutôt que rationnels, que pour lui ce qui était centrale c'était l'atmosphère des illustrations plus que leur qualité purement graphique, que comme il aime plusieurs styles il se laisse plutôt conduire par le texte et ses évocations plutôt que par une interprétation stylistique univoque.

Le fait de ne pas se poser des limites à propos du style, et son habilité, ont rendu possible la production de ce trésor hétérogène et amusant. Comme vous pouvez bien le voir ci dessus, l'auteur se confronte avec les techniques les plus différentes...







(images non disponibles)










Les douze couleurs auxquelles le livre est dédié sont introduites par des pages où les nuances prennent les noms les plus étranges: on passe d'un rose cuisse de nymphe au blanc ventre de biche au jaune caca d'oie et encore, et encore...








(images non disponibles)







Pour ceux qui sont intéressés à approfondir ce sujet, les noms des couleurs ont été tirés par ce site: http://www.pourpre.com/

Mais le divertissement ne termine pas là : Quelles Couleurs est aussi un livre interactif, où les enfants peuvent s'amuser à jouer en colorant, en répondant à des petites questions, en apprenant des nouvelles choses...






(images non disponibles)













Un univers entier, où Fantomas rencontre James Brown et Hulk pourrait marcher bras dessus bras dessous avec les membres de la famille Addams, est raconté en deux-cents pages qui capturent l'attention sans laisser place au moindre fléchissement. C'est un livre à feuilleter jusqu'à que les pages ne se détachent!

Pour plus de renseignements sur les publications de l'Éditeur Thierry Magnier: http://www.editions-thierry-magnier.com/


Les images ont été reproduites avec la permission de la maison d'Édition Thierry Magnier.
Copyright images et textes Ed. Thierry Magnier © 2009

mercredi 9 décembre 2009

Au Clair de la Nuit - Motus Editions

"Placida notte, e verecondo raggio della cadente luna"... ainsi commence l'un des très rares poèmes dont je me souviens dès temps scolaires.

Les raisons de l'attraction des hommes pour l'astre lunaire ne sera pas l'objet de mes observations, et pourtant il reste un fait concret: l'homme a fait de la lune, depuis toujours, un objet d'inspiration, d'adoration et de superstitions même.

En 2009, à 40 ans de distance de l'atterrissage de l'homme sur la lune en 1969, au moins une dizaine de livres ont été publiés.

Parmi les beaux livres ayant ce sujet je vous signale un texte que je viens de trouver au Salon de Montreuil, chez l'Éditeur Motus:

Au Clair de la Nuit, textes de Janine Teisson, illustrations de Joanna Concejo, collection "Pommes, Pirates, Papillons", Éditions Motus, 2009.

Au Clair de la Nuit est un petit chef d'œuvre de soin et de qualité, il est un véritable plaisir de l'avoir entre les mains et pour la consistance rugueuse et l'épaisseur de son papier, et pour la sobre composition, et pour la belle combinaison de texte et illustrations qui nous mènent à la découverte de nouvelles images poétiques.

Il s'agit en effet d'un recueil de poèmes brefs tous dédiés à la lune, des petites phrases chargées de symboles désuets, ironiques, amusantes et parfois mélancoliques mais toujours originelles qui nous posent des petites questions telles que:

"Pourquoi la lune n'a pas d'oreilles?", ou...

"Pourquoi les lapins dansent-ils sous la lune?", ou...

"Tu veux confier ton secret à qui ne le répétera jamais?", ou...

"On dit que la lune est pleine. Mais pleine de quoi?"




Les images en noir et blanc de Joanna Concejo aiguisent à traits la sensation de mélancolie, elles fortifient le message poétique des textes en laissant transparaître tout ce qui n'a pas été dit, en nous faisant percevoir la distance qui nous sépare de la lune mais aussi le voisinage qu'à fois nous surprends quand on regarde en haut.

Un texte que je conseilles à tous, même aux grands.

Pour plus de renseignements sur les publications de Motus: http://www.editions-motus.com/

Copyright images et textes Ed. Motus © 2009

lundi 7 décembre 2009

L'Heure Bleue - Naïve Editions


Aujourd'hui je vous porte l'exemple d'une collaboration éditoriale que je définirai très heureuse et profitable. Ce partenariat me fait réfléchir sur combien sont importantes, dans le monde de l'édition aussi, le contacte humain, la vision intelligente de son métier et l'affinité, au-delà de l'aspect purement professionnel et de business.


L'Heure Bleue, textes de Massimo Scotti, illustrations de Antonio Marinoni, traduction en français par Sophie Royère, Editions Naïve (31 octobre 2009) 



A l'occasion du Salon de Montreuil, j'ai eu une très agréable surprise: dans le stand de l'Éditeur Naïve j'ai trouvé la copie, en langue française, de l'album L'Ora Blu, publié en Italie par la Maison d'Édition Topipittori il y a quelques semaines d'avance seulement.

Ce n'est pas la première fois que la Naïve Éditions publie, à bref, un album des Topipittori: par exemple en 2007 ils publièrent Velluto. Storia di un ladro voici la couverture de l'édition française:












Velours : Le nez d'un voleur, textes de Silvana D'Angelo, illustrations de Antonio Marinoni, traduction en français par Sophie Royère, Editions Naïve (1er septembre 2007).


En parlant avec Mme Patrice, responsable de Naïve Jeunesse, j'ai pu constater combien il est fondamental (surtout parmi les petits éditeurs) l'attention à son produit mais aussi, et surtout, l'ouverture mentale et le suivre de près ces maisons d'édition étrangères qui produisent des livres affins à ses exigences, en plein esprit de collaboration. Je dois avouer que cette conversation a été, pour moi, source d'extrême satisfaction personnelle : en effet j'ai eu la confirmation de certaines convictions bien enracinées en moi, comme l'importance de partager, et aussi l'idée que dans le monde éditoriale il ne faut pas avoir des limites pour ce qui concerne la collaboration entre acteurs appartenants à un même gendre. Je fais un ultérieur pas en avant en avouant que je trouve profondément salutaire l'ouverture à la contamination, en toute forme, en tant qu'inévitable apporteur d'enrichissement. Il suffit de penser à Bruno Munari pour comprendre ce que j'entends.

Le secteur de l'édition à l'enfance, à partir des années 60-70 en particulier, a été profondément à l'avant garde, ouvert à l'expérimentation, grâce à ce sens commun qui poussait et pousse encore auteurs, illustrateurs et éditeurs vers une direction aux mille facettes mais univoque dans son propos principal: la création de petits chefs d'œuvre à laisser dans les mains des enfants. Loin de moi de créer l'illusion d'un monde enchanté, on ne peut pas parler pour tous d'excellence: très souvent on vois des livres vraiment pauvres, de qualité redoutable soit à niveau graphique-illustratif qu'à niveau textuel, et d'ailleurs les affaires règnent souverains dans ce secteur aussi. Et pourtant, grâce au ciel, il y a encore des personnes courageuses qui publient même en sachant qu'ils sont en train de conduire une bataille difficile, tortueuse, souvent  non productive mais ils restent quand-même fermes dans leurs propos en dépit de tout.

C'est aussi pour cette raison que j'ai décidé d'ouvrir, à partir d'aujourd'hui, une nouvelle section du blog dédiée à ces maisons d'édition que, à mon très discutable avis, travaillent de manière excellente: je vous tiendrai au courant le plus possible sur les nouvelles parutions et sur les initiatives des maisons d'éditions que j'ai sélectionnées et dont je ne vous dévoilerai les noms qu'un peu à la fois.... Un peu de suspens ne fais jamais de mal!

Je suis satisfaite d'avoir commencé cette section en vous parlant d'un coup de deux maisons: Naïve Éditions, dont vous aurez bientôt d'autres nouvelles, et les Topipittori que j'estime profondément non seulement pour les deux beaux esprits qui la dirigent, c'est à dire Giovanna Zoboli et Paolo Canton, mais aussi pour le soin et l'attention presque compulsive qu'ils ont pour les livres qu'ils produisent.

mardi 1 décembre 2009

Wa Zo Kong di Beno Wa Zak (ovvero Benoît Jacques)

A l'occasion du dernier Salon du Livre de Montreuil (25-30 Novembre) plusieurs livres particulièrement intéressants ont été édités. Le Salon est toujours motif de découvertes et de fulgurations artistiques, il y a à peine un an je fus fascinée par le génie d'un éclectique auteur français: Benoît Jacques.

Quand je vus La Nuit du Visiteur, je fus littéralement sans mots: un livre simplement génial et non seulement pour la nouvelle interprétation absolument originelle de l'histoire du Petit Chaperon Rouge, ou pour l'utilisation essentielle et efficace des couleurs qui contribuent à augmenter le pathos de l'histoire, mais pour l'ensemble de ce chef d'œuvre que je pense être l'un des meilleures livres pour enfants qui ont été publiés dans les dernières années.

Ce n'est pas un cas si, en occasion de l'édition 2008 du Salon, ce livre reçut le prestigieux Prix Baobab, et ce n'est pas un cas si l'Editeur Orecchio Acerbo prit immédiatement la chance de publier ce livre en italien en mai dernier, sous le titre Aprite quella Porta! Je prends cette occasion pour remercier personnellement les gens d'Orecchio Acerbo pour avoir donné aux lecteurs italiens la possibilité de ne pas perdre ce livre merveilleux.

Je vous mets ici le link au vidéo sur la distribution du prix Baobab a M. Jacques: un moment très émouvant, où l'auteur et éditeur nous raconte de son rêve et du dur travail, de ses efforts et de son engagement.

Aujourd'hui je suis heureuse de vous annoncer la sortie, pour le Salon 2009, d'un nouveau livre de M. Jacques titré Wa Zo Kong: la tragique et singulière histoire d'un "Wa Zo ki vo lpah... y Kou"... Je ne vous dirai pas plus que ceci: il s'agit de l'histoire d'un Wa Zo (oiseau) et de son incapacité de voler. Les illustrations sont en noir et blanc, essentielles et pourtant chaleureuses et engageantes. Un texte absolument amusant, plein de cette ironie caustique et désacralisante en plein style de M. Jacques qui nous fait sourire et réfléchir en même temps sur les parcours humains. Dans la simplicité de ce texte et de ses illustrations, le monde animale semble être une excuse plus que le véritable sujet du livre: dans ce qui n'est pas dit semblent se cacher des significations bien plus subtiles sur les comportements humains, sur la société moderne et ses mécanismes, sur les ainsi dites lois qui dominent nos actions. Il parait enfin que M. Jacques veuille nous suggérer un point de départ pour réfléchir, pour ouvrir nos esprits au libre penser.

Wa Zo Kong de Benoît Jacques, Benoît Jacques Books, Novembre 2009.

Avec l'espoir que le rêve d'enfant que M. Jacques est en train de vivre à travers son aventure éditoriale puisse continuer encore longtemps, pour notre bien aussi, pour ne jamais arrêter de croire que chacun peut dire ce qu'il pense et le représenter au de là des lobbys des grandes maisons d'édition, et aussi des lobbys culturelles et politiques de toute sorte. Merci M. Jacques!




















Copyright Images Benoît Jacques. Imagines reproduites avec la permission de l'Editeur Benoît Jacques.