Regret ou remords, lequel est pire? Vieux problème et interprétation très personnelle de l'existence.
Pas que M. Tapinois ait eu le choix, car il s'est retrouvé, malgré lui, dans des beaux draps: par erreur, pendant qu'il se préparait à affronter un duel, il a tué sa gouvernante.
Remords pourtant, et sens de culpabilité, s'emparent lentement du presque-jeune, presque-vigoreux, presque-intéressant et, surtout, totalement célibataire M. Tapinois!
La Governante, d'Edouard Osmont, illustrations de Sara Gavioli, Editeur Orecchio Acerbo, juillet 2010
Un policier? Pas exactement. Un Thriller alors? Presque... Une histoire surréelle pourrait lui aller mieux, avec une touche d'humour noir, une pincée de grotesque et plein d'ironie. Si ces ingrédients titillent votre fantaisie alors, à partir de demain, vous pouvez courir l'acheter!
La Governante est un album parfait pour ces jours de canicule étouffante, il gèlera le sang dans vos veines pour un prix absolument modeste.... Assez maintenant avec ce ton badin, passons à des manières plus convenables et sérieuses et analysons ensemble ce beau volume!
Commençons avec quelques mots sur l'auteur, dont le fantasme parait avoir persécuté les pauvres éditeurs jusqu'à qu'ils n'ont publié le livre!
Edouard Osmont, connu aussi comme Blaise Petitveau, est devenu un auteur-fantôme de la littérature française entre la fin du dix-neuvième et le début du vingtième siècle. De lui nous savons qu'il était assidu du Chat Noir, à Montmartre, avec un nourri groupe d'artistes et écrivains parmi lesquels Alphonse Allais; nous savons aussi qu'il avait contribué à des Magasins tels que Le Rire, Le Sourire et Fantasio pour lesquels, entre autres, collaboraient aussi Henri de Toulouse-Lautrec (lui aussi notoire habitué du Char Noir) et Pierre Henri Cami (incroyable écrivain, lui aussi pas trop renommé mais tout de même plus connu qu'Osmont. Fameux, entre autre, pour Les Aventures de Loufock-Holmès, claire parodie de Sherlock Holmes).
Osmont reste pourtant un personnage énigmatique, enveloppé d'une brise de mystère et, jusqu'aujourd'hui, même par une épaisse toile d'araignée que - pour notre bonne chance - Fausta et Simone* ont décidé d'ôter.
Son style est raffiné, passionnant, avec un beau sens du rythme et une implacable scansion du temps:
Commençons avec quelques mots sur l'auteur, dont le fantasme parait avoir persécuté les pauvres éditeurs jusqu'à qu'ils n'ont publié le livre!
Edouard Osmont, connu aussi comme Blaise Petitveau, est devenu un auteur-fantôme de la littérature française entre la fin du dix-neuvième et le début du vingtième siècle. De lui nous savons qu'il était assidu du Chat Noir, à Montmartre, avec un nourri groupe d'artistes et écrivains parmi lesquels Alphonse Allais; nous savons aussi qu'il avait contribué à des Magasins tels que Le Rire, Le Sourire et Fantasio pour lesquels, entre autres, collaboraient aussi Henri de Toulouse-Lautrec (lui aussi notoire habitué du Char Noir) et Pierre Henri Cami (incroyable écrivain, lui aussi pas trop renommé mais tout de même plus connu qu'Osmont. Fameux, entre autre, pour Les Aventures de Loufock-Holmès, claire parodie de Sherlock Holmes).
Osmont reste pourtant un personnage énigmatique, enveloppé d'une brise de mystère et, jusqu'aujourd'hui, même par une épaisse toile d'araignée que - pour notre bonne chance - Fausta et Simone* ont décidé d'ôter.
Son style est raffiné, passionnant, avec un beau sens du rythme et une implacable scansion du temps:
et pour le pauvre M. Tapinois le cauchemar commence, quoi faire? Avouer? Peut-être cacher le cadavre dans une malle est la solution la meilleure...
Partant avec une allusion voilée à l'absurde, tout en gardant un balancement élégant et aimable avec le réel, Osmont passe enfin à l'absurde le plus paradoxal et sans retenue.
Le cadavre de la gouvernante disparaît (Bang! autre coup qui résonne dans nos esprits)
mais la gouvernante n'est pas encore prête à abandonner M. Tapinois: elle apparaîtra à nouveau dans un amusant tourbillon d'objets brisés et de peur montante/ascendante. Horreur! Le pauvre M. Tapinois n'arrive à trouver abri nulle part, le cadavre se montre à nouveau, menaçant, dominant jusqu'à quand...
Aha, ce ne sera pas moi à dévoiler le final du livre!
Le illustrations de Sara Gavioli sont splendides: soignées, toujours pertinentes, avec un goût retro qui bien épouse le texte et l'auteur dont elles se réfèrent, et pourtant elles sont aussi actuelles. La grande recherche que Sara a conduit afin d'obtenir un résultat pareil est évidente: nous la percevons dans les détails, dans les prises de vue désuètes, dans le décor scrupuleux. Je pense par exemple à la pendule, aux cartes de jeu où elle cache des petits indices, à l'utilisation des silhouettes et aux habiles jeux d'ombres. Parfait aussi le choix chromatique des tableaux que, s'il était encore nécessaire, révèlent encore plus l'originalité et l'unicité du talent de Sara. Si vous êtes curieux et vous en voulez savoir plus sur Sara, vous pouvez lire l'interview que je lui ai faite le mois dernier: vous y trouverez tout ce que vous auriez voulu savoir, même les détails les plus terrifiants! D'accord, je plaisante...
Que dire? Encore une fois un choix courageux pour Orecchio Acerbo, un choix cultivé, singulier, contre-courant. Encore une fois à Fausta et Simone va mon merci personnel pour l'excellence qu'ils n'arrêtent jamais de porter à notre attention.
* Fausta et Simone sont les éditeurs.
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