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lundi 22 mars 2010

La Coda Canterina - Topipittori


"La coda canterina", texte de Guia Risari, illustrations de Violeta Lopiz, Editeur Topipittori, mars 2010.






Essayons de penser à tous les types de queues que nous connaissons: la queue du chien, toujours prête à remuer; la queue de la vache, que parfois a un drôle de touffe au fond; la queue somptueuse et noble du cheval; la queue du castor, plate et rondie comme un aviron; la queue agile de l'écureuil, toujours parfaitement coiffée; la queue du lion, avec sa petite crinière au sommet; la queue du chat, qui se gonfle comme un nouage prêt à exploser de pluie quand le chat est en colère.

Eh bien, pour autant de queues dont vous pouvez vous souvenir, aucune, mais vraiment aucune ne pourra jamais être comme celle-ci.


Pourquoi? Il y a au moins trois bonnes raisons: la première est que cette queue appartient à un enfant; la deuxième est dans sa longueur qui correspond à la circonférence de la terre; la troisième est que cette queue chante avec une voix céleste, elle chante si bien qu'elle charmerait tout le monde, vous aussi!

Mais procédons en ordre: une belle matinée un enfant se réveille mais il n'est plus tout seul, il se retrouve avec une queue, sa queue. Le soir précédent elle n'y était pas et maintenant la viola, bien ferme à sa place. D'abord l'enfant essaie de la cacher, sans trop de succès, il cherche alors de la noyer dans la baignoire mais cette tentative non plus n'a aucun succès. La queue commence à produire du bruit, autant de bruit que les parents de l'enfant s'en aperçoivent, ils font irruption dans la salle de bains et découvrent le secret. Parbleu, une queue! Bien pire: une queue qui chante! Une queue impertinente qui n'obéit pas aux ordres de maman et de papa.

Que dire? Une situation horrible, gênante, bouleversante.

Si vous habitiez "in un paese minuscolo, così piccolo che il nome era più grande del paese"*, alors vous sauriez bien qu'on ne peut pas garder des secrets pour très longtemps. Il vaut mieux ne pas affronter les problèmes tout seuls et impliquer les autres aussi, qui sait si jamais personne ne trouve une solution à ce problème.

Aucun habitant ne voit la queue comme une malformation, ils la voient plutôt comme un inconvénient dont il faut se débarrasser: c'est un problème qui nécessite d'une solution qu'il faut trouver tous ensemble, sur le papier. C'est ainsi que, quand quelqu'un suggère de tirer la queue, tous les habitants du village se mettent à l’œuvre.


C'est un album amusant, surréel, qui se dénoue (c'est bien le cas d'utiliser ce terme) autour d'un protagoniste assez inusuel comme une queue qui chante des vieilles chansons russes. Ce livre a une saveur ancienne sous un certain égard: en partant de la cantilène chantée par la queue, pour terminer avec le village tout petit, où tout le monde se connaît et s'aide. Il est en partie aussi vaguement rural, pour ce sens de communauté aussi fort qui me fait penser aux grandes maisons paysannes du début du vingtième siècle. Et pourtant rien ne nous confirme si cela est vrai, car c'est en même temps une histoire parfaitement moderne.

Guia Risari mesure parfaitement des petites traces de magie, avec une dose de sourire amusé et ironique, mélangées à la réalité plus concrète du pays minuscule peint dans ses dynamiques typiques. Un beau texte, pressant, avec un langage élégant. Charmantes les illustrations de Violeta Lopiz, toutes jouées sur un chromatisme simple (blanc, noir, nuances de gris et rouge) et une technique mixte. Ses personnages bien caractérisés et reconnaissables accompagnent l'histoire soulignant le crescendo de l'urgence, marqué aussi par le rythme du texte. Très belle la table où les parents de l'enfant, après avoir découvert la queue, sont peints en premier plan.

Un beau voyage: celui des habitants du village qui tirent et tirent, jusqu'à faire le tour du monde, et le nôtre que page après page découvrons ce qui ne se voit pas.



Copyright© texte et images de Topipittori 2010. Les images ont été publiées avec la permission de l'Editeur.

*"dans un village minuscule, aussi petit que son nom était plus grand que le pays lui-même"

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