Pages

samedi 20 mars 2010

Bologna Children's Book Fair - Foire du Livre pour Enfants de Bologne (23-26 mars 2010)



J'aime la Foire de Bologna! Pourquoi, vous demanderez-vous? Enfin ce n'est qu'une foire où l'on fait du business, une foire où l'on vend et l'on achète des droits, où les affaires sont fondamentales pour ceux qui louent un espace, comme toute autre foire au monde.

Et pourtant, une fois par an, les murs gris de la foire changent de DNA: leur structure semble plus légère et sinueuse, les espaces plus grands et beaux car - une fois par an - la foire devient le cœur palpitant de l'édition jeunesse et le monde a une saveur différente.

Ceux qui pensent que cette foire n'est que du business pur commettent une erreur dictée d'une grande superficialité, il suffit de regarder le programme pour comprendre combien de travail et de passion nécessitent pour faire autant. Près des affaires cohabitent des séminaires, des rencontres, des événements, des échanges intellectuels qui suffiraient à donner assez d'énergie pour le reste de l'année. Certes, il faut être vraiment intéressés pour participer à ce que la foire offre c'est, peut-être, l'une des raisons pour laquelle la foire n'est pas ouverte au public. Ce n'est certainement pas un lieu où amener les enfants pour le goûter, où aller pour simple amusement: elle sert plutôt les enseignants, les auteurs, les illustrateurs, les préposés du secteur enfin.

Ceux qui pensent arriver en foire avec le carnet de chèques prêt et le portefeuille plein d'espoir, seront emportés par une onde d'art en évolution continue, ils seront projetés dans un imaginaire toujours renouvelé, ils retrouveront des souvenirs, des sensations, des saveurs oubliés.

Je parle d'Art, oui, dans ses formes les plus élevées.

Je parle à vous, messieurs, à vous qui regardez au monde de littérature juvénile d'un air snob, à vous qui tordez vos nobles nez en signe de compassion! À ceux qui pensent que pour illustrer un livre pour enfant il suffit de simplifier les formes, d'utiliser des couleurs primaires, d'adoucir les idées, je ne dis que ceci: ouvrez vos yeux, que de ce monde arrivent des artistes qui n'ont rien à craindre d'une comparaison avec ceux qui pensent être les seuls représentants de l'art vraie, élevée, qui regardent le monde du haut de leurs belles tours d'ivoire. Ces artistes ont plein à enseigner, car leur action est libre de freins mentaux, leur approche à la vision des choses est absolument franc, ironique, désuet, désenchante parfois, et dur: un regard où le douceâtre n'a aucun espace. Un exemple pour tous? Pensez à la version de l'histoire d'Hänsel et Gretel de Mattotti... n'est ce pas que de l'art pur?

Je parle à vous, à vous qui croyez qu'écrire un livre pour enfants est simple: alors allez-y, faites une tentative. Après vous pourrez me dire comment il a été facile de se dépouiller des superstructures mentales dont nous allons habillés, pour mettre des linges plus simples sans être banales, sans utiliser ce ton mielleux et écœurant qu'ennuie les enfants encore plus que les adultes. Cherchez de maintenir vive l'attention des jeunes lecteurs, lorsque ils sont prêts à détourner le regard du livre car tout au tour il y a un monde à découvrir.

Ceux qui ont lu Bianca Pitzorno, Angela Nanetti, Roberto Piumini, Rebecca Stead, Timothée de Fombelle, pour n'en mentionner que quelques uns, savent bien qu'ils n'ont rien à envier à Barricco, à Stefano Benni, à Ammaniti, à Stephen King (et la liste serait bien plus nourrie dans ce cas aussi)... Il pourrait bien être vrai le contraire. Je vous pose une question: comment se passe-t-il que les plus grands écrivains depuis toujours, au moins une fois dans leur vies, ont écrit un livre pour enfants? Et je ne pense pas seulement à  Dickens, je pense à Moravia par exemple, à Umberto Eco, à Elsa Morante, à Jean Giono, Herman Hesse, Nazim Hikmet, Mordecai Richler, Eric Emmanuel Schmitt, et beaucoup d'autres encore.

Après cette chaleureuse invective, je crois vous comprendrez mieux le vent de passion qui anime la foire de Bologne et les pics qu'elle arriva à toucher.

Certes, à côté des livres d'art il y a aussi des produits pauvres, ceux qu'ont été créés pour vendre et non nécessairement pour élever, pourtant la culture y est bien présente et bien représentée et cela me parait important, surtout aujourd'hui, surtout dans ce pays autrefois berceau de la littérature devenu décharge d'évidences et d'ignorance, dans le pays d'Europe ayant le record le plus décourageant en matière de livres lus dans un an.

Je ne finirai jamais de le répéter: la culture est liberté, défendons-la!


P.S. P.S. Je reçois jusque maintenant le newsletter de l'Éditeur Orecchio Acerbo, où je trouve un petit article titré: "I libri che stanno facendo tremare Geronimo Stilton"*, une très bonne nouvelle avec laquelle terminer mon post!


*"Les livres qui font peur à Geronimo Stilton"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire